- roussin
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• 1350; a. fr. roncin « cheval de charge », infl. par roux, bas lat. °runcinus♦ Vx Cheval entier, monté par un écuyer, à la guerre ou à la chasse. — Roussin d'Arcadie : âne. roussin 2. roussin [ rusɛ̃ ] n. m.• 1811, repris 1852; de rousse♦ Vx ou plais. Policier. « Faut connaître les roussins anglais, ils aiment pas la force ni le scandale » (Céline).I.⇒ROUSSIN1, subst. masc.A. — Au Moyen Âge, cheval entier, trapu, qui servait de monture à la guerre ou à la chasse. Messire Nicole Lowe lui donna un roussin (...). Le roussin valait trente francs (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 411). Joinville nous le montre [Louis IX] chevauchant péniblement à l'arrière-garde, monté sur un petit roussin, aux côtés de Geoffroy de Sergines (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 364).B. — Vieilli1. Cheval de bât; p. ext., cheval, souvent péj., mauvais cheval. L'étrillage des roussins galeux (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 10). Ils sont très habiles maquignons, ils arrivent à faire d'un vieux roussin une bête fringante, au moins pendant les heures du marché (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 95).2. Plais., fam. Roussin (d'Arcadie). Âne. L'âne de la cure était un roussin fort têtu (NERVAL, Illuminés, 1852, pp. 134-135). Quelle pauvre création (...) que Figaro à côté de Sancho! Comme on se le figure sur son âne, (...) talonnant le roussin, tout en causant avec son maître (FLAUB., Corresp., 1853, p. 323).REM. Roussiner, verbe intrans., pop., vulg., vieilli. Lâcher des vents. Roussiner: Péter, sans plus de façon qu'un âne, qu'un roussin (LARCH. 1859, p. 93).Prononc. et Orth.:[
]. Homon. roussin2. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1718, 1740: ,,Quelques-uns écrivent roucin``. Étymol. et Hist. 1350 roussin (ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 4, p. 611). Issu de
, var. de
(d'où l'a. fr. roncin « cheval de charge », ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 758), d'orig. incertaine et controversée. Pour la discussion des différentes hyp. proposées, v. FEW t. 10, p. 576 et BL.-W.1-5. Rossin « cheval de service » est att. en a. prov. dès 1179 (FEW, loc. cit.). Bbg. ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 201-202.
II.⇒ROUSSIN2, subst. masc.Arg., pop., vieilliA. — Policier, agent de police. Synon. rousse (infra rem.). Elle traita de folle sa peur des agents de police et, passant d'un excès à un autre, elle eût voulu (...) leur dire en face: « Vous n'êtes que de sales roussins » (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 70). Avec sa casquette et son imperméable et sa solide carrure, (...) il avait tout d'un roussin, d'un détective (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 178). V. galifard ex. de Hugo, lacet A 4 ex. de Hugo.B. — Espion, indicateur de police; p. ext., délateur. Synon. mouchard, rousse (infra rem.). Il ne vaut rien pour le travail, mais il est bon roussin (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, 1821, f. 14, v °, § 412).REM. 1 Rousse, subst. masc., arg., pop., vieilli. a) Synon. (supra A). De tous les rousses que la police a envoyé au bal de l'Opéra un seul est à craindre (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 1, 1844, p. 39). V. lacet A 4 ex. de Hugo. b) Synon. (supra B). [Un dénonciateur était-il tué dans la prison, les gardiens disaient:] (...) pourquoi, puisqu'il était rousse, ne s'est-il pas fait mettre à part [?] (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 3, 1844, p. 270). 2. Roussi, subst. masc., arg., pop., vieilli. Compagnon de cellule que la police place auprès d'un détenu pour gagner sa confiance et recueillir ses confidences et ses aveux. Synon. mouton. V. galifard ex. de Hugo. 3. Roussiner, verbe trans., arg., pop., vieilli. Dénoncer quelqu'un à la police. On vous roussine [=] On vous dénonce (LACENAIRE, Mémoires, II, 160, 161 ds LARCH. 1872, p. 218).Prononc.:[]. Homon. roussin1. Étymol. et Hist. 1811 (d'apr. ESN.). Mot d'orig. discutée (v. CELLARD-REY 1980). L'hyp. selon laquelle roussin serait dér. de roux « mouchard, indicateur, dénonciateur » (cf. 1828-29 rousse « mouchard », VIDOCQ, Mém., t. 3, p. 189, forme abrégée de roussin ou individualisation du coll. la rousse), les gens aux cheveux roux étant souvent considérés comme hypocrites et faux, semble la plus vraisemblable (pour les valeurs péj. de roux, rouge, v. MICHEL 1856, s.v. rousse, roussin).
STAT. — Roussin1 et 2. Fréq. abs. littér.:30.BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 538. — SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 60.1. roussin [ʀusɛ̃] n. m.ÉTYM. 1507; rossin, 1179; anc. franç. roncin « cheval de charge », infl. par roux, bas lat. runcinus; cf. ital. runzino, esp. rocin (Wartburg), de ros, rosse. → Rosse.❖♦ Vx. Cheval entier qu'on montait à la guerre ou à la chasse. — ☑ Par plais. Roussin d'Arcadie : âne (→ Dent, cit. 21).————————2. roussin [ʀusɛ̃] n. m.ÉTYM. 1811, repris 1852; de 2. rousse.❖♦ Vx ou plais. Policier.1 (…) c'est-à-dire que, si on appliquait la moitié de ces idées, ça nettoierait du coup la société. Oui, votre empereur et tous ses roussins boiraient un bouillon (…)Zola, l'Assommoir, VIII, t. II, p. 15.2 Faut connaître les roussins anglais, ils aiment pas la force ni le scandale, c'est tout fainéant comme père et mère…Céline, Guignol's band, p. 32.3 — Tu crois qu'on va avoir les roussins au fion ? murmure le Gravos.— Je pense pas : le julot du péage a vu que j'étais poulet et il ne me semble pas que le Néerlandais ait eu de gros dommages.San-Antonio, Remets ton slip, gondolier !, p. 14.
Encyclopédie Universelle. 2012.